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Artistes › Mobilier de Jean Prouvé Estimation & prix de vente

Mobilier de Jean Prouvé Estimation & prix de vente

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Fils du peintre et sculpteur Victor Prouvé, Jean Prouvé a su marquer son temps par la réalisation d’œuvres de ferronneries d’art. Né en 1901, à Paris, il suivra une formation comme orfèvre chez Émile Robert, Enghien et Szabo à Paris. En créant l’Atelier Jean Prouvé en 1931, le designer va réaliser du mobilier en tôle d’acier plié puis des éléments d’architecture.

Avec Le Corbusier et Charlotte Perriand et Pierre Jeanneret, il fonde l’Union des Artistes Modernes dont le leitmotiv est l’esthétique, la fabrication et la fonction. Son design mobilier s’inscrit dans un habitat industriel, dans des préoccupations humanistes et un esprit d’avant-garde. Une partie du mobilier de Jean Prouvé sont des pièces destinées à un usage scolaire.


Prix côte et valeur du mobilier de Jean Prouvé en vente aux enchères 

 

En 2011, dans une vente design à Paris, un fauteuil « Grand Repos » (1930) est parti à 380000 euros. Avec des résultats aussi élevés en vente aux ventes aux enchères publiques, Jean Prouvé détient le record pour des œuvres de designer français, la table de cantine vendue chez Artcurial en 2015 adjugée à 1 290 000 euros et également une table Trapèze dite table centrale adjugée 1 million d’euros. 


En décembre 2019 fauteuil « Kangourou » chez Sotheby’s le 12 décembre 2019 pour près de 288 000 euros ;


Guéridon modèle 401 18 décembre chez Sotheby’s un autre modèle 402 pour 30 000 euros chez Christie’s dans la même vente fauteuil à 40 500 euros.

 

En 2022, à Paris deux tables trapèze au piétement en tôle d’acier de Jean Prouvé ont récolté 1 922 000 € chacune, sous le marteau d'une maison de vente Parisienne. Elles étaient vendues au profit du Crous Versailles. Il s'agit d'un record mondial pour du mobilier de Prouvé.

 

JEAN PROUVÉ

EXPOSITIONS, RÉTROSPECTIVES ET COLLECTIONS PRIVÉES 

EXPOSITIONS 

  • 1925, exposition Pavillon de Nancy, Exposition Universelle, Paris, France
  • 1954, exposition Pavillon du centenaire de l’aluminium, Villepinte, France
  • 1990, exposition « Jean Prouvé : constructeur, 1901-1984 », Centre Georges Pompidou, Paris, France
  • 2002, exposition « Trois structures », Nomadic Columbia University, États-Unis
  • 2005, exposition « Jean Prouvé : Trois structures Nomadic, » Pacific Design Center, Musée d’Art Contemporain, Los Angeles, États-Unis
  • 2006, exposition « Jean Prouvé : Une maison tropicale », Hammer Museum, Los Angeles, États-Unis
  • 2007, exposition « Jean Prouvé : La Poétique de l’objet technique », Weil am Rhein, Allemagne, puis Musée d’Art Moderne, Kamakura et Hayama, Deutsches Architekturmuseum, Francfort, Institut néerlandais d’architecture, Maastricht, Hôtel de Ville de Boulogne-Billancourt, Paris, Design Museum, Londres, et Museo dell’Ara Pacis, Rome (liste non-exhaustive)
  • 2008, exposition « Ateliers Jean Prouvé », Musée d’Art Moderne, New York, États-Unis
  • 2012, exposition « Jean Prouvé », Nancy, France
  • 2013, exposition « Une passion pour Jean Prouvé : Du mobilier à l’architecture », Pinacoteca Agnelli, Turin, Italie
  • 2018, exposition « Jean Prouvé : Architecte des Jours Meilleurs », Fondation Luma, Arles, France
  • 2018, exposition « Jean Prouvé : Nord-Sud », Marseille, France
  • 2019, exposition Jean Prouvé, « L’âme du métal », Château de La Coste, Le Puy-Sainte-Réparade, France

MUSÉES 

  • Musée d’Art moderne, San Francisco, États-Unis
  • Museum of Modern Art, New York, États-Unis
  • Musée des Beaux-Arts, Nancy, France
  • Musée de l’Histoire du Fer, Nancy, France
  • Musée Lorrain, Nancy, France
  • Maison Jean Prouvé, Nancy, France
  • Centre Georges Pompidou, Paris, France

RÉTROSPECTIVES 

  • 1977, rétrospective de Jean Prouvé, École technique supérieure, Genève, Suisse
  • 1981, rétrospective Jean Prouvé, Musée de Rotterdam, Pays-Bas
  • 1991, rétrospective Jean Prouvé, Centre Georges Pompidou, Paris, France

FONDATION 

  •  Fondation Luma, « Jean Prouvé – Architecte des jours meilleurs », 2018, Arles, France

LES PRINCIPAUX LIVRES SUR JEAN PROUVÉ

  • CLAYSSEN Dominique, Jean Prouvé, L’idée constructive, éd. Dunod, 1983, 200 p.
  • COLEY Catherine, Jean Prouvé, éd. du Centre Georges Pompidou, 1993, 70 p.
  • COLEY Catherine et BIGNON Jean-Claude, Jean Prouvé, entre artisanat et industrie, éd. AMAL/École d’architecture de Nancy, deux volumes, 1990-1992.
  • DE MUGA Patricia, Jean Prouvé : Objects And Furniture Design, éd. Poligrafa, 2007, 128 p.
  • ENJOLRAS Christian, Jean Prouvé, les maisons de Meudon, éd. de La Villette, 2003, 224 p.
  • GRIZOT Alain, DELORENZO Antony, Jean Prouvé/Serge Mouille : Deux maîtres du métal, 1985, 170 p.
  • MARREY Bernard, La « mort » de Jean Prouvé, éd. Linteau, 2005, 58 p.
  • MARREY Bernard, L’abbé Pierre et Jean Prouvé, éd. Linteau, 2010, 80 p.
  • MOULIN François, Jean Prouvé, le Maître du métal, éd. La nuée bleue, 2001, 237 p.
  • NILS Peter, Prouvé, éd. Taschen, 2006, 96 p.
  • PHAIDON, Jean Prouvé, architect for better days, éd. Phaidon, 2018, 240 p.
  • SULZER Peter, Jean Prouvé, Œuvres complètes, éd. Birkhauser, deux tomes, 1999-2000.
  • SULZER Peter, Jean Prouvé highlights, éd. Birkhauser, 2002, 171 p.
  • TOUCHALEAUME Éric, Jean Prouvé, les maisons tropicales, 2007, éd. Galerie 54, 155 p.
  • VAN GEEST Jan, Les meubles de Jean Prouvé, éd. Taschen, 1991, 160 p.
  • VÉNACQUE Axel, Jean Prouvé, le pavillon du centenaire de l’aluminium, éd. Nouvelles Éditions Place, 2001, 61 p.

BIOGRAPHIE COMPLÈTE : JEAN PROUVÉ, LE BÂTISSEUR D’AVENIR

Jean Émile Victor Prouvé est né le 8 avril 1901 à Paris. Son père, Victor Prouvé, était un artiste, notamment disciple du grand peintre Alexandre Cabanel. Jean Prouvé sera marqué tout au long de sa carrière par le travail de son père et surtout par son investissement pour la création de l’École de Nancy, qui marquera des générations d’artistes.

Jean Prouvé s’enrichit, dès son plus jeune âge, des préceptes de l’école de Nancy qui sont notamment la régénération des arts, l’introduction de nouvelles techniques de production et une plus grande accessibilité de l’art.

Très vite, la Première Guerre mondiale est déclarée. La ville de Nancy, sur le front Est, est particulièrement touchée. À la sortie de la guerre, la famille Prouvé, comme une grande partie des Français, est sans ressource. Le chef de famille, Victor, décide alors d’envoyer son fils aîné, Jean, en formation de ferronnerie chez Émile Robert dans la banlieue parisienne.

L’ÂGE D’OR DE LA FERRONNERIE ET LES DÉBUTS DU MOBILIER SIGNÉ JEAN PROUVÉ

Le jeune homme se forge alors un solide bagage en ferronnerie auprès des ouvriers, devenant l’un des meilleurs apprentis d’Émile Robert. Sur recommandation de son maître, il part alors exercer ses talents dans le 18e arrondissement de Paris auprès de Raymond Subes. Loin d’être ménagé, le jeune homme deviendra pourtant un « élève prodige ».

En 1919, Jean Prouvé quitte les ateliers de Raymond Subes et se fait embaucher par Adalbert Szabo, chez qui il travaille jusqu’en 1921. À cette époque, la ville renait peu à peu de ses cendres, et la vie artistique et mondaine reprend des couleurs. Le Mouvement Art déco apparaît à cette époque et exploite le fer pour toute sorte d’ornements en architecture.

En 1918, Jean Prouvé reçoit sa première commande personnelle : une grille de jardin pour la propriété de Victor Guillaume, peintre et graveur, ami de son père. Cet élan artistique fut perturbé par son service militaire effectué de 1921 à 1923.

De retour sur la scène professionnelle et artistique, Jean Prouvé honore de nombreuses commandes comme une porte pour le monument aux morts de Remiremont, dans les Vosges. En 1924, le ferronnier ouvre son premier atelier à Nancy, grâce à l’aide financière de Saint-Just Péquart, un important négociant en quincaillerie. C’est aussi à cette époque que Jean Prouvé refuse le poste de directeur de l’atelier de ferronnerie de la célèbre Maison Gallé, car il doutait de l’avenir de l’Art nouveau.

Jean Prouvé épouse Madeleine Schott, qui lui donnera un garçon, Michel-Jean, malheureusement décédé huit mois après sa naissance. Traumatisés, les jeunes époux ne perdent pas espoir de fonder une grande famille. Ce qui sera chose faite avec la naissance de leurs cinq enfants.

Jean Prouvé, aidé par ses collaborateurs, produit des séries de lampadaires, de grilles forgées, des rampes d’escalier, et d’autres pièces qui rencontrent un certain succès. Il collabore notamment à l’aménagement du prestigieux hôtel Thiers de Nancy.

Le Nancéien adhère rapidement aux préceptes de Le Corbusier. Il renie l’ornementation dans l’architecture et le mobilier car cette décoration superflue nuirait selon lui à la lecture de l’objet.

En 1925, Jean Prouvé est désigné pour réaliser les portes du pavillon de Nancy à l’exposition des Arts Décoratifs de Paris. Remarqué par la critique et encensé dans les revues spécialisées, Jean Prouvé construit sa renommée autour d’un art qui lui est propre.

L’année suivante, le Nancéien collabore avec le célèbre architecte Robert Mallet-Stevens à la confection d’une grille pour l’un de ses chantiers, entraînant le jeune créateur dans la cour des grands.

Jean Prouvé travaille principalement à Paris et à Nancy. Il réalise notamment des chantiers pour les grandes brasseries des régions de l’Est de la France, ainsi que des palaces vosgiens. Il est alors encensé par les critiques pour son travail, moderne et fonctionnel, proche du concept de l’art total.

En 1930, Jean Prouvé est l’un des fondateurs de « l’Union des Artistes Modernes » (U.A.M.), qui entend diffuser l’art auprès du plus grand nombre, par l’association entre artiste et industriels. Cette même année, Jean Prouvé présente au Pavillon de Marsan à Paris ses premiers meubles dont une chaise et un grand fauteuil, tous deux inclinables.

Jean Prouvé se sent un peu à l’étroit dans son atelier, il déménage donc et créé « Les Ateliers Jean Prouvé ». Il embauche de nouveaux ouvriers et renouvelle son matériel. Directeur proche de ses collaborateurs, Jean Prouvé leur consent de nombreux avantages, qui seront maintenus même pendant la Seconde Guerre mondiale.

Les années qui précédèrent la Seconde Guerre mondiale furent florissantes pour Jean Prouvé qui multiplia les chantiers en France, notamment en collaboration avec les frères André, et Émile Ruhlmann.

Jean Prouvé décide de développer son activité dans le secteur du mobilier. Il crée notamment les tables « aéronautiques » basées sur les principes de construction des ailes d’un avion. Le créateur est en charge de l’aménagement de chambres, notamment pour l’université de Nancy en 1928, puis du lycée de garçons de Metz vers 1935. Des lits métalliques, aux étagères très fonctionnelles, rien n’est laissé au hasard dans cet ensemble très moderne. Aussi, il dessine la fameuse chaise Standard n° 4  qui connaîtra d’innombrables versions. Comme le disait Jean Prouvé lui-même « Construire un meuble est chose sérieuse, très sérieuse (…) ».

Jean Prouvé décide de protéger ses innovations en déposant une série de brevets techniques dans les années 1930. Dès 1934, fort de son succès, il doit répondre à un nombre important de commandes, rendant sa production semi-industrielle.

LES GRANDS CHANTIERS À L’ÉPREUVE DE LA GUERRE

Jean Prouvé se déplace à l’étranger à l’occasion de chantiers comme en Algérie pour le palais du gouvernement, mais aussi aux États-Unis, pour la construction du pavillon français de l’Exposition universelle de New York, ou encore au Canada, pour la réalisation de l’hôtel de la légation française à Ottawa.

D’autres grands chantiers en France permettent d’asseoir sa notoriété. Notamment celui de l’hôpital de la Grande-Blanche à Lyon en collaboration avec l’architecte Tony Garnier, précurseur de l’urbanisme moderne. Jean Prouvé fournit des portes, des ascenseurs, des cache-radiateurs, des fenêtres à guillotine, mais aussi des poignées pour les portes coulissantes.

L’un des plus grands chantiers de Jean Prouvé reste la Maison du peuple de Clichy, en collaboration avec le duo d’architectes Eugène Beaudouin et Marcel Lods. Les premières études de cette réalisation remontent à 1935 et s’achèvent à la veille de la Seconde Guerre mondiale. L’ingénieur de l’opération est Vladimir Bodianski, avec qui Jean Prouvé développa des liens complices. Voulue comme un lieu d’échange et de convivialité, la maison de Clichy est un ensemble harmonieux où tout est mis en œuvre pour respecter un cahier des charges ambitieux. Franck Lloyd Wright, un célèbre architecte américain, venu visiter la maison de Clichy s’exclama « Aux États-Unis, nous n’en sommes pas là ! »

La guerre est déclarée. Jean Prouvé est contacté pour réaliser dans les plus brefs délais des unités d’habitation montables et démontables rapidement pour le front. Il en réalisera plusieurs centaines. Malgré l’occupation allemande et l’exil de sa famille en Bretagne, Jean Prouvé reste à la tête de son atelier jusqu’au bout.

Une nouvelle collaboration avec Le Corbusier et Pierre Jeanneret se dessine pendant ces temps difficiles, mais le métal d’ordinaire utilisé par Jean Prouvé devient rare et cher. Le bois remplace alors ce matériau si précieux à l’œuvre de Jean Prouvé, car l’urgence et la situation de guerre rendent nécessaire ce changement.

Des petits bureaux, des tables et armoires sont confectionnés entièrement dans du chêne massif de bonne qualité. Les lignes de mobilier, notamment le fauteuil Visiteur et les grands chantiers se développent malgré ces temps troublés. Une autre production moins habituelle se développe en parallèle : des cadres de bicyclette ou des fours Pyrobal.

Acteur de la résistance, Jean Prouvé a confectionné des sabots métalliques pour faire dérailler les trains allemands et aurait participé à des actions nocturnes contre l’occupant. Il est proche de Charlotte Perriand, résistante de la première heure.

LA RECONSTRUCTION ET L’USINE DE MAXÉVILLE

Devenu maire provisoire de la ville de Nancy à la libération et sans expérience politique, Jean Prouvé n’a pas de mal à se faire une place au sein de ses administrés, conquis par l’architecte aussi bien que par l’homme.

La priorité de Jean Prouvé reste la reconstruction des bâtiments détruits par les bombardements, l’éradication des bâtiments insalubres et la reconstruction de la ville autour de jardins. Il soumet ses projets au commissaire régional de la République qui en retiendra certains.

En mars 1945, Jean Prouvé est appelé à œuvrer à l’échelle nationale pour aider à la reconstruction du pays. Il collabore à ce projet titanesque de plus d’un million et demi de logements avec l’ingénieur Raoul Dautry. L’architecte réalise alors des Pavillons démontables 6×6 , constructions d’urgence pour répondre à la crise immédiate. Ces pavillons n’avaient pas vocation à durer dans le temps, mais certains datant de cette époque sont encore visibles dans l’est de la France.

Le projet de construction de l’usine de Maxéville avait été mûri depuis 1947. Le but de cette usine était d’assurer confortablement une production à grande échelle. Maxéville est situé dans la banlieue nord de Nancy, non loin d’axes de circulation importants, nécessaire à l’expédition et à la réception de pièces et matériaux.

Jean Prouvé, architecte de sa propre usine, démontre une fois de plus ses talents, sur une surface totale de 25 000 mètres carrés comprenant des ateliers de fabrication, et de stockage de matières premières.

Grâce à cette usine, des écoles préfabriquées, mais aussi de nombreux meubles, seront fabriqués par les deux cents employés du site. Les besoins toujours croissants d’après guerre poussent à la création en 1949, d’un atelier entièrement dédié à la fabrication de meubles en série.

Les ateliers de Jean Prouvé bénéficient alors du label « meubles de France » pour ses meubles démontables et transformables, en métal et en bois. Naissent alors ses modèles emblématiques comme son bureau Compas avec son piètement en équerre, le fauteuil Visiteur « version Kangourou » ou encore le bureau Présidence. De nombreux modèles de bahuts, tables basses, guéridons et grandes tables font leur apparition dans les lignes de production.

Jean Prouvé rencontre Steph Simon, ingénieur, qui devient son agent commercial. Ce dernier met en avant l’architecte dans des revues et des publicités dès 1951. Jamais loin de l’esthétique d’avant-guerre prôné par l’U.A.M. et de ses racines nancéiennes, Jean Prouvé continue à participer aux salons des Arts ménagers et des Arts Décoratifs, avec pour mot d’ordre : le fonctionnalisme.

L’autre credo de la production à Maxéville est celui des maisons usinées. En 1949, un accord avec le ministre Eugène Claudius-Petit permet à l’usine de s’enrichir d’une commande d’une douzaine de maisons pour la région parisienne, dans le quartier de Bellevue, à Meudon. En plus de cette commande, Jean Prouvé exposera les maisons Coques en 1951, au salon des Arts ménagers de Paris. Les espaces sont modulables grâce à des portes coulissantes entre le séjour et les chambres rendant l’intérieur de ces maisons, plus moderne que jamais.

L’architecte va également construire des maisons de vacances dans le Midi, notamment la Villa Dolander, face à la plage de Saint-Clair du Lavandou. Elle est inscrite au titre des Monuments Historiques depuis 1991.

Les projets architecturaux de Jean Prouvé sont nombreux et il se lancera, entre autres, dans la réalisation de deux maisons de type Métropole pour le comité interprofessionnel du logement à Tourcoing dans le Nord de la France.

En plus des logements, Jean Prouvé poursuit la réalisation de nombreux ensembles scolaires, fort de ses précédentes expériences dans le domaine. Les commandes de l’éducation nationale affluent pour l’école de Vantoux en Moselle classée Monument Historique en 2001, ou encore une école maternelle à Martigues.

ENTRE AFFRONT ET RENOUVEAU

En 1952, Jean Prouvé, en désaccord avec son actionnaire principal « l’Aluminium français », sur la manière dont la société doit être gérée, est démis de ses fonctions. Il dira à ce stade de sa vie : « Je suis mort en 1952 ». L’architecte perd son usine, ses collaborateurs, ses brevets et jusqu’à sa propre raison sociale.

Si sa famille continue d’habiter à Nancy, Jean Prouvé situe son activité professionnelle à Paris afin de s’éloigner le plus possible de cet échec. En 1954, il s’associe à Michel Bataille, écrivain, Jean-Claude Aron, promoteur et Serge Kétoff, architecte, et crée une société appelée « Les constructions de Jean Prouvé ».

C’est à cette époque que Jean Prouvé crée le pavillon du centenaire de l’aluminium en collaboration avec Michel Hugonnet. Ce pavillon est plébiscité par les Parisiens qui se déplacent en nombre pour admirer cette manifestation du système constructif de l’architecte.

Sa société, bien que florissante, est absorbée par la Compagnie Industriels de Matériels de Transport. Jean Prouvé devient directeur du département de construction en bâtiments. Il accole son nom à l’entreprise et sa renommée en est décuplée. Les commandes affluent, il réalise des façades rideaux pour les lycées, les aéroports, etc. Et développe des techniques innovantes.

En 1954, Jean Prouvé décide de réaliser un rêve : construire sa propre maison dans sa ville natale, Nancy. La pièce principale de la maison sera le séjour, délimitée par de grandes baies vitrées. Les matériaux de prédilection de son art tels que le métal, la tôle, le verre et le bois seront utilisés pour la réaliser.

Deux ans plus tard, l’architecte s’atèle à la réalisation de la maison des « jours meilleurs » pour l’abbé Pierre, qui a vécu, tout comme Prouvé, la crise du logement d’après-guerre comme un véritable traumatisme. Jean Prouvé, proche des idées sociales défendues par cet altruiste réalise plusieurs maisons transportables et facilement modulables, pour loger les sans-abris.

Steph Simon, ancien agent commercial de Jean Prouvé signe avec ce dernier un contrat d’édition de meubles. Galerie incontournable du Paris moderne, la galerie Steph Simon exposera les travaux de Jean Prouvé jusque dans les années 1970.

En 1957, Jean Prouvé devient membre du Conservatoire national des arts et métiers. Pendant treize ans, l’architecte enseignera aux salariés en activité son savoir-faire. Il résume son enseignement par cette phrase « Il sera beaucoup dessiné, beaucoup démontré, parlé le moins possible ».

LA RÉVÉRENCE 

Durant la décennie qui suivit, Prouvé occupe toujours son poste d’ingénieur-conseil et mène à terme de nombreux projets architecturaux, en accord avec ses aspirations artistiques muries depuis tant d’années. C’est également la décennie des récompenses. Il reçoit le prix Auguste Perret en 1963, puis est fait chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

Au tout début des années 1960, bien qu’agnostique convaincu, Jean Prouvé s’attèle à la construction de lieux de culte en Moselle, en association avec l’architecte Eugène Voltz. Il conçoit trois églises, réalisées à partir d’une structure nomade.

Jean Prouvé conçoit également une maison appelée la maison Gauthier pour sa fille Françoise, son mari et leurs quatre enfants. Tout le savoir-faire du grand architecte transparaît dans cette maison.

Les années 1960 sont également marquées par la réalisation de stations de loisirs en montagne. Associé à Charlotte Perriand, il débute les travaux aux Arcs en Savoie. Un ensemble d’immeubles en copropriété comprenaient des logements d’une trentaine de mètres carrés, ainsi que des solariums.

De 1964 à 1967, Jean Prouvé aide à la réalisation de la tour Nobel sur les bords de la Seine. Et bien qu’il ne soit qu’un conseil dans ce projet, l’architecte restera dans l’histoire comme une figure marquante de cette architecture.

Depuis 1968 et jusqu’à sa mort en 1984, Jean Prouvé est à la tête d’un cabinet d’architecture, en tant qu’architecte-conseil indépendant. En 1971, Jean Prouvé défend le projet de réalisation du centre Georges Pompidou, de l’architecte Renzo Piano, en tant que président du jury du concours, et en tant qu’ancien professeur au Conservatoire national des arts et métiers. Ce projet qualifié d’élégant et astucieux par le maître verra le jour le 31 janvier 1977.

Au début des années 1980, Jean Prouvé poursuit la quête qui a toujours était la sienne : réaliser des architectures et du mobilier économique, s’adressant au plus grand nombre mariant les qualités de fonctionnalité et d’économie.

Jean Prouvé meurt dans la nuit du 23 au 24 mars 1984, dans la ville qui l’a vu naître et dans la maison qu’il s’est construite, témoin de ses rêves et de la créativité de cet architecte de génie, maître du métal et bâtisseur d’avenir.

Jean Prouvé travailla également avec les architectes Jacques et Michel André la rénovation de bâtiment à Nancy comme le Zoo et le Musée des Beaux-Arts. Les projets architecturaux laissèrent place à de nombreuses collaborations pour du mobilier scolaire, ainsi que du mobilier de jardin et la conception des meubles de l’hôpital Solvay.

L’architecte poursuivit ses collaborations avec d’autres de ses pairs, comme Tony Garnier pour le chantier de l’hôpital de la Grande-Blanche à Lyon. Aussi, avec les architectes Eugène Baudouin et Marcel Lods pour l’un des plus grands chantiers de Jean Prouvé : la Maison du peuple de Clichy.

Outre les architectes et les ingénieurs, Jean Prouvé côtoie des hommes politiques, comme Eugène Claudius-Petit, connu pendant la résistance, avec qui il imagine et produit ses fameuses « maisons usinées ».

Ses collaborations furent multiples et fructueuses et restent le témoin d’une modernité prônée au-delà des divergences.


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Fils du peintre et sculpteur Victor Prouvé, Jean Prouvé a su marquer son temps par la réalisation d’œuvres de ferronneries d’art. Né en 1901, à Paris, il suivra une formation comme orfèvre chez Émile Robert, Enghien et Szabo à Paris. En créant l’Atelier Jean Prouvé en 1931, le designer va réaliser du mobilier en tôle d’acier plié puis des éléments d’architecture.

Avec Le Corbusier et Charlotte Perriand et Pierre Jeanneret, il fonde l’Union des Artistes Modernes dont le leitmotiv est l’esthétique, la fabrication et la fonction. Son design mobilier s’inscrit dans un habitat industriel, dans des préoccupations humanistes et un esprit d’avant-garde. Une partie du mobilier de Jean Prouvé sont des pièces destinées à un usage scolaire.


Prix côte et valeur du mobilier de Jean Prouvé en vente aux enchères 

 

En 2011, dans une vente design à Paris, un fauteuil « Grand Repos » (1930) est parti à 380000 euros. Avec des résultats aussi élevés en vente aux ventes aux enchères publiques, Jean Prouvé détient le record pour des œuvres de designer français, la table de cantine vendue chez Artcurial en 2015 adjugée à 1 290 000 euros et également une table Trapèze dite table centrale adjugée 1 million d’euros. 


En décembre 2019 fauteuil « Kangourou » chez Sotheby’s le 12 décembre 2019 pour près de 288 000 euros ;


Guéridon modèle 401 18 décembre chez Sotheby’s un autre modèle 402 pour 30 000 euros chez Christie’s dans la même vente fauteuil à 40 500 euros.

 

En 2022, à Paris deux tables trapèze au piétement en tôle d’acier de Jean Prouvé ont récolté 1 922 000 € chacune, sous le marteau d'une maison de vente Parisienne. Elles étaient vendues au profit du Crous Versailles. Il s'agit d'un record mondial pour du mobilier de Prouvé.

 

JEAN PROUVÉ

EXPOSITIONS, RÉTROSPECTIVES ET COLLECTIONS PRIVÉES 

EXPOSITIONS 

  • 1925, exposition Pavillon de Nancy, Exposition Universelle, Paris, France
  • 1954, exposition Pavillon du centenaire de l’aluminium, Villepinte, France
  • 1990, exposition « Jean Prouvé : constructeur, 1901-1984 », Centre Georges Pompidou, Paris, France
  • 2002, exposition « Trois structures », Nomadic Columbia University, États-Unis
  • 2005, exposition « Jean Prouvé : Trois structures Nomadic, » Pacific Design Center, Musée d’Art Contemporain, Los Angeles, États-Unis
  • 2006, exposition « Jean Prouvé : Une maison tropicale », Hammer Museum, Los Angeles, États-Unis
  • 2007, exposition « Jean Prouvé : La Poétique de l’objet technique », Weil am Rhein, Allemagne, puis Musée d’Art Moderne, Kamakura et Hayama, Deutsches Architekturmuseum, Francfort, Institut néerlandais d’architecture, Maastricht, Hôtel de Ville de Boulogne-Billancourt, Paris, Design Museum, Londres, et Museo dell’Ara Pacis, Rome (liste non-exhaustive)
  • 2008, exposition « Ateliers Jean Prouvé », Musée d’Art Moderne, New York, États-Unis
  • 2012, exposition « Jean Prouvé », Nancy, France
  • 2013, exposition « Une passion pour Jean Prouvé : Du mobilier à l’architecture », Pinacoteca Agnelli, Turin, Italie
  • 2018, exposition « Jean Prouvé : Architecte des Jours Meilleurs », Fondation Luma, Arles, France
  • 2018, exposition « Jean Prouvé : Nord-Sud », Marseille, France
  • 2019, exposition Jean Prouvé, « L’âme du métal », Château de La Coste, Le Puy-Sainte-Réparade, France

MUSÉES 

  • Musée d’Art moderne, San Francisco, États-Unis
  • Museum of Modern Art, New York, États-Unis
  • Musée des Beaux-Arts, Nancy, France
  • Musée de l’Histoire du Fer, Nancy, France
  • Musée Lorrain, Nancy, France
  • Maison Jean Prouvé, Nancy, France
  • Centre Georges Pompidou, Paris, France

RÉTROSPECTIVES 

  • 1977, rétrospective de Jean Prouvé, École technique supérieure, Genève, Suisse
  • 1981, rétrospective Jean Prouvé, Musée de Rotterdam, Pays-Bas
  • 1991, rétrospective Jean Prouvé, Centre Georges Pompidou, Paris, France

FONDATION 

  •  Fondation Luma, « Jean Prouvé – Architecte des jours meilleurs », 2018, Arles, France

LES PRINCIPAUX LIVRES SUR JEAN PROUVÉ

  • CLAYSSEN Dominique, Jean Prouvé, L’idée constructive, éd. Dunod, 1983, 200 p.
  • COLEY Catherine, Jean Prouvé, éd. du Centre Georges Pompidou, 1993, 70 p.
  • COLEY Catherine et BIGNON Jean-Claude, Jean Prouvé, entre artisanat et industrie, éd. AMAL/École d’architecture de Nancy, deux volumes, 1990-1992.
  • DE MUGA Patricia, Jean Prouvé : Objects And Furniture Design, éd. Poligrafa, 2007, 128 p.
  • ENJOLRAS Christian, Jean Prouvé, les maisons de Meudon, éd. de La Villette, 2003, 224 p.
  • GRIZOT Alain, DELORENZO Antony, Jean Prouvé/Serge Mouille : Deux maîtres du métal, 1985, 170 p.
  • MARREY Bernard, La « mort » de Jean Prouvé, éd. Linteau, 2005, 58 p.
  • MARREY Bernard, L’abbé Pierre et Jean Prouvé, éd. Linteau, 2010, 80 p.
  • MOULIN François, Jean Prouvé, le Maître du métal, éd. La nuée bleue, 2001, 237 p.
  • NILS Peter, Prouvé, éd. Taschen, 2006, 96 p.
  • PHAIDON, Jean Prouvé, architect for better days, éd. Phaidon, 2018, 240 p.
  • SULZER Peter, Jean Prouvé, Œuvres complètes, éd. Birkhauser, deux tomes, 1999-2000.
  • SULZER Peter, Jean Prouvé highlights, éd. Birkhauser, 2002, 171 p.
  • TOUCHALEAUME Éric, Jean Prouvé, les maisons tropicales, 2007, éd. Galerie 54, 155 p.
  • VAN GEEST Jan, Les meubles de Jean Prouvé, éd. Taschen, 1991, 160 p.
  • VÉNACQUE Axel, Jean Prouvé, le pavillon du centenaire de l’aluminium, éd. Nouvelles Éditions Place, 2001, 61 p.

BIOGRAPHIE COMPLÈTE : JEAN PROUVÉ, LE BÂTISSEUR D’AVENIR

Jean Émile Victor Prouvé est né le 8 avril 1901 à Paris. Son père, Victor Prouvé, était un artiste, notamment disciple du grand peintre Alexandre Cabanel. Jean Prouvé sera marqué tout au long de sa carrière par le travail de son père et surtout par son investissement pour la création de l’École de Nancy, qui marquera des générations d’artistes.

Jean Prouvé s’enrichit, dès son plus jeune âge, des préceptes de l’école de Nancy qui sont notamment la régénération des arts, l’introduction de nouvelles techniques de production et une plus grande accessibilité de l’art.

Très vite, la Première Guerre mondiale est déclarée. La ville de Nancy, sur le front Est, est particulièrement touchée. À la sortie de la guerre, la famille Prouvé, comme une grande partie des Français, est sans ressource. Le chef de famille, Victor, décide alors d’envoyer son fils aîné, Jean, en formation de ferronnerie chez Émile Robert dans la banlieue parisienne.

L’ÂGE D’OR DE LA FERRONNERIE ET LES DÉBUTS DU MOBILIER SIGNÉ JEAN PROUVÉ

Le jeune homme se forge alors un solide bagage en ferronnerie auprès des ouvriers, devenant l’un des meilleurs apprentis d’Émile Robert. Sur recommandation de son maître, il part alors exercer ses talents dans le 18e arrondissement de Paris auprès de Raymond Subes. Loin d’être ménagé, le jeune homme deviendra pourtant un « élève prodige ».

En 1919, Jean Prouvé quitte les ateliers de Raymond Subes et se fait embaucher par Adalbert Szabo, chez qui il travaille jusqu’en 1921. À cette époque, la ville renait peu à peu de ses cendres, et la vie artistique et mondaine reprend des couleurs. Le Mouvement Art déco apparaît à cette époque et exploite le fer pour toute sorte d’ornements en architecture.

En 1918, Jean Prouvé reçoit sa première commande personnelle : une grille de jardin pour la propriété de Victor Guillaume, peintre et graveur, ami de son père. Cet élan artistique fut perturbé par son service militaire effectué de 1921 à 1923.

De retour sur la scène professionnelle et artistique, Jean Prouvé honore de nombreuses commandes comme une porte pour le monument aux morts de Remiremont, dans les Vosges. En 1924, le ferronnier ouvre son premier atelier à Nancy, grâce à l’aide financière de Saint-Just Péquart, un important négociant en quincaillerie. C’est aussi à cette époque que Jean Prouvé refuse le poste de directeur de l’atelier de ferronnerie de la célèbre Maison Gallé, car il doutait de l’avenir de l’Art nouveau.

Jean Prouvé épouse Madeleine Schott, qui lui donnera un garçon, Michel-Jean, malheureusement décédé huit mois après sa naissance. Traumatisés, les jeunes époux ne perdent pas espoir de fonder une grande famille. Ce qui sera chose faite avec la naissance de leurs cinq enfants.

Jean Prouvé, aidé par ses collaborateurs, produit des séries de lampadaires, de grilles forgées, des rampes d’escalier, et d’autres pièces qui rencontrent un certain succès. Il collabore notamment à l’aménagement du prestigieux hôtel Thiers de Nancy.

Le Nancéien adhère rapidement aux préceptes de Le Corbusier. Il renie l’ornementation dans l’architecture et le mobilier car cette décoration superflue nuirait selon lui à la lecture de l’objet.

En 1925, Jean Prouvé est désigné pour réaliser les portes du pavillon de Nancy à l’exposition des Arts Décoratifs de Paris. Remarqué par la critique et encensé dans les revues spécialisées, Jean Prouvé construit sa renommée autour d’un art qui lui est propre.

L’année suivante, le Nancéien collabore avec le célèbre architecte Robert Mallet-Stevens à la confection d’une grille pour l’un de ses chantiers, entraînant le jeune créateur dans la cour des grands.

Jean Prouvé travaille principalement à Paris et à Nancy. Il réalise notamment des chantiers pour les grandes brasseries des régions de l’Est de la France, ainsi que des palaces vosgiens. Il est alors encensé par les critiques pour son travail, moderne et fonctionnel, proche du concept de l’art total.

En 1930, Jean Prouvé est l’un des fondateurs de « l’Union des Artistes Modernes » (U.A.M.), qui entend diffuser l’art auprès du plus grand nombre, par l’association entre artiste et industriels. Cette même année, Jean Prouvé présente au Pavillon de Marsan à Paris ses premiers meubles dont une chaise et un grand fauteuil, tous deux inclinables.

Jean Prouvé se sent un peu à l’étroit dans son atelier, il déménage donc et créé « Les Ateliers Jean Prouvé ». Il embauche de nouveaux ouvriers et renouvelle son matériel. Directeur proche de ses collaborateurs, Jean Prouvé leur consent de nombreux avantages, qui seront maintenus même pendant la Seconde Guerre mondiale.

Les années qui précédèrent la Seconde Guerre mondiale furent florissantes pour Jean Prouvé qui multiplia les chantiers en France, notamment en collaboration avec les frères André, et Émile Ruhlmann.

Jean Prouvé décide de développer son activité dans le secteur du mobilier. Il crée notamment les tables « aéronautiques » basées sur les principes de construction des ailes d’un avion. Le créateur est en charge de l’aménagement de chambres, notamment pour l’université de Nancy en 1928, puis du lycée de garçons de Metz vers 1935. Des lits métalliques, aux étagères très fonctionnelles, rien n’est laissé au hasard dans cet ensemble très moderne. Aussi, il dessine la fameuse chaise Standard n° 4  qui connaîtra d’innombrables versions. Comme le disait Jean Prouvé lui-même « Construire un meuble est chose sérieuse, très sérieuse (…) ».

Jean Prouvé décide de protéger ses innovations en déposant une série de brevets techniques dans les années 1930. Dès 1934, fort de son succès, il doit répondre à un nombre important de commandes, rendant sa production semi-industrielle.

LES GRANDS CHANTIERS À L’ÉPREUVE DE LA GUERRE

Jean Prouvé se déplace à l’étranger à l’occasion de chantiers comme en Algérie pour le palais du gouvernement, mais aussi aux États-Unis, pour la construction du pavillon français de l’Exposition universelle de New York, ou encore au Canada, pour la réalisation de l’hôtel de la légation française à Ottawa.

D’autres grands chantiers en France permettent d’asseoir sa notoriété. Notamment celui de l’hôpital de la Grande-Blanche à Lyon en collaboration avec l’architecte Tony Garnier, précurseur de l’urbanisme moderne. Jean Prouvé fournit des portes, des ascenseurs, des cache-radiateurs, des fenêtres à guillotine, mais aussi des poignées pour les portes coulissantes.

L’un des plus grands chantiers de Jean Prouvé reste la Maison du peuple de Clichy, en collaboration avec le duo d’architectes Eugène Beaudouin et Marcel Lods. Les premières études de cette réalisation remontent à 1935 et s’achèvent à la veille de la Seconde Guerre mondiale. L’ingénieur de l’opération est Vladimir Bodianski, avec qui Jean Prouvé développa des liens complices. Voulue comme un lieu d’échange et de convivialité, la maison de Clichy est un ensemble harmonieux où tout est mis en œuvre pour respecter un cahier des charges ambitieux. Franck Lloyd Wright, un célèbre architecte américain, venu visiter la maison de Clichy s’exclama « Aux États-Unis, nous n’en sommes pas là ! »

La guerre est déclarée. Jean Prouvé est contacté pour réaliser dans les plus brefs délais des unités d’habitation montables et démontables rapidement pour le front. Il en réalisera plusieurs centaines. Malgré l’occupation allemande et l’exil de sa famille en Bretagne, Jean Prouvé reste à la tête de son atelier jusqu’au bout.

Une nouvelle collaboration avec Le Corbusier et Pierre Jeanneret se dessine pendant ces temps difficiles, mais le métal d’ordinaire utilisé par Jean Prouvé devient rare et cher. Le bois remplace alors ce matériau si précieux à l’œuvre de Jean Prouvé, car l’urgence et la situation de guerre rendent nécessaire ce changement.

Des petits bureaux, des tables et armoires sont confectionnés entièrement dans du chêne massif de bonne qualité. Les lignes de mobilier, notamment le fauteuil Visiteur et les grands chantiers se développent malgré ces temps troublés. Une autre production moins habituelle se développe en parallèle : des cadres de bicyclette ou des fours Pyrobal.

Acteur de la résistance, Jean Prouvé a confectionné des sabots métalliques pour faire dérailler les trains allemands et aurait participé à des actions nocturnes contre l’occupant. Il est proche de Charlotte Perriand, résistante de la première heure.

LA RECONSTRUCTION ET L’USINE DE MAXÉVILLE

Devenu maire provisoire de la ville de Nancy à la libération et sans expérience politique, Jean Prouvé n’a pas de mal à se faire une place au sein de ses administrés, conquis par l’architecte aussi bien que par l’homme.

La priorité de Jean Prouvé reste la reconstruction des bâtiments détruits par les bombardements, l’éradication des bâtiments insalubres et la reconstruction de la ville autour de jardins. Il soumet ses projets au commissaire régional de la République qui en retiendra certains.

En mars 1945, Jean Prouvé est appelé à œuvrer à l’échelle nationale pour aider à la reconstruction du pays. Il collabore à ce projet titanesque de plus d’un million et demi de logements avec l’ingénieur Raoul Dautry. L’architecte réalise alors des Pavillons démontables 6×6 , constructions d’urgence pour répondre à la crise immédiate. Ces pavillons n’avaient pas vocation à durer dans le temps, mais certains datant de cette époque sont encore visibles dans l’est de la France.

Le projet de construction de l’usine de Maxéville avait été mûri depuis 1947. Le but de cette usine était d’assurer confortablement une production à grande échelle. Maxéville est situé dans la banlieue nord de Nancy, non loin d’axes de circulation importants, nécessaire à l’expédition et à la réception de pièces et matériaux.

Jean Prouvé, architecte de sa propre usine, démontre une fois de plus ses talents, sur une surface totale de 25 000 mètres carrés comprenant des ateliers de fabrication, et de stockage de matières premières.

Grâce à cette usine, des écoles préfabriquées, mais aussi de nombreux meubles, seront fabriqués par les deux cents employés du site. Les besoins toujours croissants d’après guerre poussent à la création en 1949, d’un atelier entièrement dédié à la fabrication de meubles en série.

Les ateliers de Jean Prouvé bénéficient alors du label « meubles de France » pour ses meubles démontables et transformables, en métal et en bois. Naissent alors ses modèles emblématiques comme son bureau Compas avec son piètement en équerre, le fauteuil Visiteur « version Kangourou » ou encore le bureau Présidence. De nombreux modèles de bahuts, tables basses, guéridons et grandes tables font leur apparition dans les lignes de production.

Jean Prouvé rencontre Steph Simon, ingénieur, qui devient son agent commercial. Ce dernier met en avant l’architecte dans des revues et des publicités dès 1951. Jamais loin de l’esthétique d’avant-guerre prôné par l’U.A.M. et de ses racines nancéiennes, Jean Prouvé continue à participer aux salons des Arts ménagers et des Arts Décoratifs, avec pour mot d’ordre : le fonctionnalisme.

L’autre credo de la production à Maxéville est celui des maisons usinées. En 1949, un accord avec le ministre Eugène Claudius-Petit permet à l’usine de s’enrichir d’une commande d’une douzaine de maisons pour la région parisienne, dans le quartier de Bellevue, à Meudon. En plus de cette commande, Jean Prouvé exposera les maisons Coques en 1951, au salon des Arts ménagers de Paris. Les espaces sont modulables grâce à des portes coulissantes entre le séjour et les chambres rendant l’intérieur de ces maisons, plus moderne que jamais.

L’architecte va également construire des maisons de vacances dans le Midi, notamment la Villa Dolander, face à la plage de Saint-Clair du Lavandou. Elle est inscrite au titre des Monuments Historiques depuis 1991.

Les projets architecturaux de Jean Prouvé sont nombreux et il se lancera, entre autres, dans la réalisation de deux maisons de type Métropole pour le comité interprofessionnel du logement à Tourcoing dans le Nord de la France.

En plus des logements, Jean Prouvé poursuit la réalisation de nombreux ensembles scolaires, fort de ses précédentes expériences dans le domaine. Les commandes de l’éducation nationale affluent pour l’école de Vantoux en Moselle classée Monument Historique en 2001, ou encore une école maternelle à Martigues.

ENTRE AFFRONT ET RENOUVEAU

En 1952, Jean Prouvé, en désaccord avec son actionnaire principal « l’Aluminium français », sur la manière dont la société doit être gérée, est démis de ses fonctions. Il dira à ce stade de sa vie : « Je suis mort en 1952 ». L’architecte perd son usine, ses collaborateurs, ses brevets et jusqu’à sa propre raison sociale.

Si sa famille continue d’habiter à Nancy, Jean Prouvé situe son activité professionnelle à Paris afin de s’éloigner le plus possible de cet échec. En 1954, il s’associe à Michel Bataille, écrivain, Jean-Claude Aron, promoteur et Serge Kétoff, architecte, et crée une société appelée « Les constructions de Jean Prouvé ».

C’est à cette époque que Jean Prouvé crée le pavillon du centenaire de l’aluminium en collaboration avec Michel Hugonnet. Ce pavillon est plébiscité par les Parisiens qui se déplacent en nombre pour admirer cette manifestation du système constructif de l’architecte.

Sa société, bien que florissante, est absorbée par la Compagnie Industriels de Matériels de Transport. Jean Prouvé devient directeur du département de construction en bâtiments. Il accole son nom à l’entreprise et sa renommée en est décuplée. Les commandes affluent, il réalise des façades rideaux pour les lycées, les aéroports, etc. Et développe des techniques innovantes.

En 1954, Jean Prouvé décide de réaliser un rêve : construire sa propre maison dans sa ville natale, Nancy. La pièce principale de la maison sera le séjour, délimitée par de grandes baies vitrées. Les matériaux de prédilection de son art tels que le métal, la tôle, le verre et le bois seront utilisés pour la réaliser.

Deux ans plus tard, l’architecte s’atèle à la réalisation de la maison des « jours meilleurs » pour l’abbé Pierre, qui a vécu, tout comme Prouvé, la crise du logement d’après-guerre comme un véritable traumatisme. Jean Prouvé, proche des idées sociales défendues par cet altruiste réalise plusieurs maisons transportables et facilement modulables, pour loger les sans-abris.

Steph Simon, ancien agent commercial de Jean Prouvé signe avec ce dernier un contrat d’édition de meubles. Galerie incontournable du Paris moderne, la galerie Steph Simon exposera les travaux de Jean Prouvé jusque dans les années 1970.

En 1957, Jean Prouvé devient membre du Conservatoire national des arts et métiers. Pendant treize ans, l’architecte enseignera aux salariés en activité son savoir-faire. Il résume son enseignement par cette phrase « Il sera beaucoup dessiné, beaucoup démontré, parlé le moins possible ».

LA RÉVÉRENCE 

Durant la décennie qui suivit, Prouvé occupe toujours son poste d’ingénieur-conseil et mène à terme de nombreux projets architecturaux, en accord avec ses aspirations artistiques muries depuis tant d’années. C’est également la décennie des récompenses. Il reçoit le prix Auguste Perret en 1963, puis est fait chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

Au tout début des années 1960, bien qu’agnostique convaincu, Jean Prouvé s’attèle à la construction de lieux de culte en Moselle, en association avec l’architecte Eugène Voltz. Il conçoit trois églises, réalisées à partir d’une structure nomade.

Jean Prouvé conçoit également une maison appelée la maison Gauthier pour sa fille Françoise, son mari et leurs quatre enfants. Tout le savoir-faire du grand architecte transparaît dans cette maison.

Les années 1960 sont également marquées par la réalisation de stations de loisirs en montagne. Associé à Charlotte Perriand, il débute les travaux aux Arcs en Savoie. Un ensemble d’immeubles en copropriété comprenaient des logements d’une trentaine de mètres carrés, ainsi que des solariums.

De 1964 à 1967, Jean Prouvé aide à la réalisation de la tour Nobel sur les bords de la Seine. Et bien qu’il ne soit qu’un conseil dans ce projet, l’architecte restera dans l’histoire comme une figure marquante de cette architecture.

Depuis 1968 et jusqu’à sa mort en 1984, Jean Prouvé est à la tête d’un cabinet d’architecture, en tant qu’architecte-conseil indépendant. En 1971, Jean Prouvé défend le projet de réalisation du centre Georges Pompidou, de l’architecte Renzo Piano, en tant que président du jury du concours, et en tant qu’ancien professeur au Conservatoire national des arts et métiers. Ce projet qualifié d’élégant et astucieux par le maître verra le jour le 31 janvier 1977.

Au début des années 1980, Jean Prouvé poursuit la quête qui a toujours était la sienne : réaliser des architectures et du mobilier économique, s’adressant au plus grand nombre mariant les qualités de fonctionnalité et d’économie.

Jean Prouvé meurt dans la nuit du 23 au 24 mars 1984, dans la ville qui l’a vu naître et dans la maison qu’il s’est construite, témoin de ses rêves et de la créativité de cet architecte de génie, maître du métal et bâtisseur d’avenir.

Jean Prouvé travailla également avec les architectes Jacques et Michel André la rénovation de bâtiment à Nancy comme le Zoo et le Musée des Beaux-Arts. Les projets architecturaux laissèrent place à de nombreuses collaborations pour du mobilier scolaire, ainsi que du mobilier de jardin et la conception des meubles de l’hôpital Solvay.

L’architecte poursuivit ses collaborations avec d’autres de ses pairs, comme Tony Garnier pour le chantier de l’hôpital de la Grande-Blanche à Lyon. Aussi, avec les architectes Eugène Baudouin et Marcel Lods pour l’un des plus grands chantiers de Jean Prouvé : la Maison du peuple de Clichy.

Outre les architectes et les ingénieurs, Jean Prouvé côtoie des hommes politiques, comme Eugène Claudius-Petit, connu pendant la résistance, avec qui il imagine et produit ses fameuses « maisons usinées ».

Ses collaborations furent multiples et fructueuses et restent le témoin d’une modernité prônée au-delà des divergences.


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